Depuis plusieurs mois, les professionnels du bâtiment sont confrontés à une pénurie de matériaux qui fait s’envoler les prix et s’allonger les délais de livraison. Nous vous expliquons tout sur ce phénomène qui impacte tous les secteurs.
Une pénurie qui touche de nombreux matériaux
Le bois
Le bois est le matériau le plus touché. La pénurie impacterait 20 à 80% du secteur selon les négociants français. Indispensable pour la construction d’une maison neuve, il intervient, entre autres, lors de la réalisation de la charpente. La situation est d’autant plus contraignante pour la construction de maisons en ossature bois : le prix des bardages utilisés dans la construction des armatures a augmenté de 35%. Ils sont aujourd’hui presque indisponibles sur le marché, ralentissant grandement cette branche de la construction immobilière.
En cause : les États-Unis. Suite à la surtaxe du bois canadien imposée par Donald Trump et au plan de relance instauré par son successeur, Joe Biden, le pays rencontre des besoins accrus et se fournit désormais sur notre marché européen, principalement en Allemagne et en Autriche. Le blocage du canal de Suez qui a eu lieu entre le 23 et le 29 mars 2021 a aggravé cette pénurie, faisant grimper le coût de transport par voie maritime de plus de 400%.
Les produits métallurgiques
Le secteur des produits métallurgiques n’est malheureusement pas en reste. Les délais d’approvisionnement ne cessent de s’allonger et de fortes hausses de prix se font ressentir :
- + 18% pour les bobines et tôles à chaud entre septembre 2020 et décembre 2020.
- Une hausse comprise entre 10 et 40% pour l’aluminium, le laiton et les fils de cuivre.
- Une augmentation de 15 à 20% tous les mois depuis fin 2020 pour l’acier.
Le verre
Une pénurie impacte également tout le secteur du verre, ce qui cause des difficultés pour l’approvisionnement des ouvertures que l’on trouve dans une maison neuve (fenêtres, baies, portes vitrées…). 5 hausses de prix ont été constatées entre juin 2020 et mars 2021, soit une augmentation sans précédent sur un tel laps de temps : pour les particuliers, elle est estimée à plus de 30%. Les délais de livraison ont également été allongés.
La domotique
La domotique, marché en pleine expansion, est également touchée de plein fouet. Les fournisseurs, comme Somfy, ne sont à l’heure actuelle plus en mesure de fournir les moteurs de volets roulants RS 100 RADIO IO qui vous permettent d’effectuer le suivi à distance de l’état de vos ouvertures et d’obtenir un retour d’information lorsque vous effectuez des manipulations. Seuls les moteurs RTS, qui eux ne permettent pas d’effectuer un suivi, sont à ce jour disponibles.
Le béton
Non moins importants, le béton et le mortier sont également concernés. L’Allemagne est ici principalement mise en cause. L’une des plus grosses usines de production a rencontré un incendie, ce qui a grandement ralenti les approvisionnements au niveau européen.
D’autres facteurs ont engendré des difficultés au niveau mondial. C’est notamment le cas de la vague de froid polaire qui a touché le Texas en février 2021 et causé de nombreuses coupures d’électricité à répétition, ayant engendré des difficultés de production chez de nombreux industriels et de nombreux retards de livraison.
De nombreux autres produits touchés
D’autres matériaux sont également touchés par des hausses de prix ou par un allongement des délais :
- Une hausse de 80% sur les ossatures en placoplâtre.
- Une augmentation de 3,5% sur les pompes à chaleur.
- Une augmentation de 5% sur les chauffe-eau thermodynamiques et les chauffages électriques.
- Une hausse des prix de 8,60% sur le secteur de l’électricité générale.
- Un temps d’approvisionnement de 6 semaines, au lieu de 2 habituelles, pour la laine de verre.
- Des difficultés d’approvisionnement dans le domaine de la peinture et des matériaux isolants.
La crise sanitaire en cause
La crise sanitaire de la Covid-19 a eu un impact fort sur la pénurie rencontrée dans le secteur de la construction. Tous les fournisseurs sont concernés. Les confinements successifs ont désorganisé les filières d’approvisionnement, ne permettant pas de garder un stock suffisant pour répondre à la demande. La production s’est par ailleurs vue totalement arrêtée dans de nombreuses usines lors du premier confinement.
La sortie de la crise a engendré une reprise brutale de l’activité et a ainsi vu naître une explosion du nombre de commandes, rendant la demande largement supérieure à l’offre et faisant inévitablement exploser les prix.
Quelles sont les conséquences ?
La bonne tenue des chantiers est directement impactée par cette tension. La principale conséquence est l’allongement des délais de construction et le report des dates de réception des maisons neuves par les clients.
L’augmentation des prix ne peut pas être répercutée sur les devis déjà signés. Ce sont donc aux professionnels de la construction d’absorber ses coûts imprévus au moment de la planification des chantiers, risquant de fragiliser certaines entreprises déjà mises à mal par la crise sanitaire. Pour faire face, la Fédération française du bâtiment (FFB) a alerté le gouvernement en écrivant à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, pour demander « d’actualiser les prix à la hausse ou à la baisse suivant la fluctuation des prix des matériaux dans les mois qui viennent » et de « geler les pénalités en cas de pénurie de matériaux avérée« . Cette dernière mesure avait déjà été prise par le passé, afin de faire face à la fin du confinement de 2020. La fédération espère voir la situation se stabiliser dans les 6 prochains mois, le temps que les chaînes de production réussissent à s’ajuster, à condition que le gouvernement français et l’Europe viennent soutenir le secteur.
Sur le long terme, il est possible d’imaginer qu’une telle situation risque de changer définitivement le paysage de la construction immobilière, avec des projets plus adaptés. Le bâti plus dense, composé de maisons en bandes pourrait devenir la prochaine norme. Cette évolution serait renforcée par la diminution des terrains libres disponibles sur le marché, voyant alors la construction de lotissement, pourtant plébiscité ces dernières années, nettement reculer.